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Chirurgie Introspective (corpus 2)

Receuillir, rassembler des informations puis les stocker dans l'entrepôt de mon cerveau en attendant de pouvoir les utiliser pertinemment. (crédit vidéo : Starship troopers, Paul Verhoeven)

Impulsion essentielle à la collecte et au stockage, la curiosité est le désir (passion) d'apprendre. On se créé alors son propre cabinet de curiosité intérieur. (crédit photo : Scenocosme, cabinet de curiosité contemporain)

Rêver c'est divaguer, vagabonder dans son corps, s'y perdre pour y découvrir des choses nouvelles. Quelque chose qui s'approche des profondeurs intérieures, viscérales. (crédit photo : Cimolina, le voyage intérieur performance vidéo et musicale)

Se laisser pénétrer, féconder par ce qu'on voit et ne pas avoir peur de l'influence que les images peuvent avoir sur nous. À l'image d'un apprentissage vicariant et se laisser d'abord être observateur.

"Si nous sommes aujourd'hui les héros de nos vies, si nos corps toujours lourds s'allègent quelque fois, nous le devons un peu à ces conquérants de l'image. Saluons les d'un rire clair qui résonne sans bruit jusqu'aux tréfonds de l'univers." Yves Gerbal La vie est un théâtre,  Gilbert Garcin

La sincérité est primordiale pour moi dans un travail. Elle me permet de m'exprimer clairement sans me perdre dans des explications compliquées. La sincérité est décrite comme "le langage du cœur". C'est un idéal vers lequel je m'efforce de tendre à chaque travaux.

Ici, la justesse désigne surtout la pertinence, la précision. Ce qui est drôle c'est que la justesse désigne aussi l'harmonie musicale. Déjà en 1611 la justesse c'était "la qualité avec laquelle une chose est exactement adaptée ou appropriée à ce à quoi elle est destinée". C'est important ce terme pour moi, il me donne à réfléchir lorsque que fais des travaux, je me pose la question de la pertinence. Par exemple, le projet Crocodile de Thomas Mathieu est pour moi très juste dans son choix graphique de représenter les hommes par des crocodiles par exemple. Et ce, tout en montrant bien que les crocodiles ne sont pas tous agressifs. (Crédit photo : Projet crocodiles sur tumblr)

Sans affection, ni prétention, simplement, naïvement, avec candeur, facile à comprendre et avec humilité. Pour moi cette définition me parle beaucoup notamment avec le courant de l'art naïf qui s'inspire beaucoup de la culture populaire et n'a pas la prétention de se vouloir parfait en terme de construction picturale. Ce qui donne il me semble un air de fraicheur à ces peintures. (crédit photo : Germain Van Der Steen, Le chat)

Le témoignage permet de se rapprocher au plus près d'une expérience humaine et sensible car il permet une identification et une prise de conscience plus forte  vis-à-vis de la personne qui témoigne. Le podcast de France Culture Les Pieds sur terre est vraiment super touchant de par ses témoignages qui permettent de mieux comprendre certaines situations comme les violences conjugales ou même la situation d'un sans-abris. Je trouve que le témoignage est très important pour comprendre comment vivent les gens. Quelque part être artiste c'est aussi un témoignage.

J'ai toujours admiré les conteurs d'histoires, c'étaient des grands voyageurs avant la quasi-disparition du métier.  Dans le dictionnaire des symboles, un voyage ne s'accomplit qu'avec un retour. Et le retour ne s'accomplit qu'avec le récit qu'on en fait. Ça m'a beaucoup rappelé le spectacle de mes parents lorsqu'on voyageait en Russie de villages en villages, un peu à la manière des conteurs. C'est un spectacle qui raconte l'errance d'une famille de cirque fictive qui gagne son pain en domptant des objets (car le domptage des animaux est interdit dans leur pays).

La réécriture se pratique énormément et permet de faire passer un message au spectateur en lui faisant un clin d’œil mais aussi en lui donnant une vision différente de l’œuvre. Ainsi on produit quelque chose de nouveau en y mêlant ses pensées et sa façon de faire. La réécriture est aussi un moyen de faire évoluer l'histoire. C'est un exercice qui invite tout le monde à se poser des questions sur la narration et c'est un moyen de dialogue avec les spectateurs qui ont peut-être eux aussi un autre point de vue.   "Un pignouf de corbac sur un abri planqué  S'envoyait par la fiole un coulant barraqué.  Un goupil n'ayant eu qu'un cent d'clous pour bectance,  S'en vint lui dégoiser un tantinet jactance  « Salut, dab croasseur ! Lui bonnit-il d'autor.  En disent qu't'es l'plus beau, j'ai pas peur d'avoir tort !  Si tu me pousses la gueulante aussi bien qu't'es nippé,  T'es l'mecton à la r'dresse des mectons du boicqué ! »  Le corbac et le goupil (auteur inconnu)

La musique est pour moi un moyen d'expression important et graphique que le dessin ou la peinture. On peut raconter des histoires uniquement avec une partition. D'ailleurs la tradition orale passe notamment par la musique : L'Iliade et l'Odyssée étaient chantées avant d'être écrites. La musique est un réel langage, d'ailleurs Rousseau dans son Essai sur l'origine des langues disait "dire et chanter étaient autrefois la même chose".

La chorégraphie, c'est littéralement "l'écriture de la danse". La chorégraphie a donc un lien très fort avec le dessin et le graphisme en général de par sa sémantique. J'ai toujours admiré les chorégraphies comme Rosas danst rosas, car je ressens vraiment quelque chose de fort à la fois dans le mouvement mais aussi dans l'unisson des corps qui dansent. C'est la que je vois à quel point la danse c'est graphique.

L'action de danser serait de mettre son corps en mouvement par un jeu de tension des muscles et des ligaments dans un enchaînement chorégraphique. Tonos inspire également la connotation de la force, de la vigueur et de l'énergie mais également du rythme. La danse est un art qui remonte à très très loin. Il pourrait même être un des premiers arts à naître (des peintures qui datent de plus de 20 000 ans représentent déjà des gens qui dansent). Autrement, il est classé par Hegel dans le quatrième art à la même place que la musique comme un art très expressif mais immatériel. Ce qui me touche dans la danse c'est cette mise à nue quand on danse, c'est très personnel et intime. Le mouvement est à l'origine de la danse.

Ce qui caractérise un dessin et ce qui le différencie d'une peinture (même si dans certains cas la frontière est mince), c'est la ligne. La ligne est omniprésente dans la vie de tous les jours et par conséquent essentielle à la vie elle même. La ligne c'est aussi le mouvement et la danse. (crédit image : Benoît Jacques, La génèse)

Les viscères ou l'intérieur physique inatteignable, il représente l'inconscient de chaque être et ce qu'il y a de plus intime en lui et de plus fort. Cet aspect m'a frappé dans les dormeurs de Sophie Calle, ce sont de véritables témoignages, tout ce qu'il y a de plus intime puisque le sommeil n'est accessible à personne de l'extérieur.

Le personnel c'est ce qui est relatif à chaque personne, on se construit personnellement dans nos relations sociales. C'est un construction, un parcours lié à notre naissance et éducation que Pierre Bourdieu décrit très bien avec le concept d'habitus. Je m'interroge beaucoup sur ce mot en ce moment car j'ai du mal à savoir ce qui fait que mes dessins et mes productions en règle générale sont miens.

"Regardons les couleurs en connaisseurs, mais sachons aussi les vivre avec spontanéité et une certaine innocence" Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs (crédit image : Anne-Sophie Tsciegg octobre 2016)

Le monotype a été une vraie découverte pour moi. C'est un procédé qui m'a fait découvrir la magie de l'image imprimée tout en gardant la spontanéité comme leitmotiv. La monotype c'est d'une certaine manière à l'image d'un travail de peintre, sauf que l'image apparaît au final plus rapidement. J'aime les procédés rapide de création c'est-à-dire ceux où on voir l'image rapidement apparaître comme le photogramme argentique par exemple. (crédit photo : Sophie Lécuyer)

Ce que l'on fait de soi-même, sans réflexion, ni délai. Ce qui fait ressortir un inconscient plus ou moins maîtrisé qui fait autant parti de nous que notre conscience. Et c'est important d'avoir les deux si notre but est la sincérité. (crédit image : Cy Twombly Apollo and the artist 1975)

C'est ce qui me motive avant tout pour travailler : tester de nouveaux procédés mais toujours en restant dans la simplicité et la spontanéité. J'aime beaucoup pouvoir mélanger plusieurs disciplines à la fois, je trouve que c'est très enrichissant. C'est d'ailleurs parfois très pertinent. Par exemple Fabienne Verdier qui mêle à sa peinture la musique, son processus étant de peindre instinctivement en écoutant une performance musicale. Elle peint avec de très gros pinceaux de sa conception, dans ses vidéos on voit bien à qu'elle s'amuse beaucoup. Et c'est ça pour moi l'enjeu principal de l'expérimentation : le jeu.

C'est la dénomination pour quelque chose qui a une durée définie dans le temps. Un mouvement n'est pas infini, je pense cependant qu'il est important de rester en mouvement. Le mouvement est comme le mot "marcher" il a un tas de définitions qui sous-entendent la même idée : celui d'un déplacement de quelque chose remarquable dans la durée. Pour illustrer ce mot j'ai tout de suite pensé à l’œuvre de John Cage ASLSP, un morceau de musique d'une lenteur monumentale qui remet en question le mouvement.

"L'espèce humaine commence par les pieds" André Leroi-Gourhand Marcher c'est un état qui permet un déplacement, mais c'est aussi ce qu'on dit d'un objet électronique : "il marche". La marche est un mouvement complexe, une suite infini de micro-chutes afin de déplacer notre centre de gravité. Enfin la marche permet le rallongement de la durée de réflexion. De nombreux philosophes sont marcheurs pour cette raison. C'est aussi par la marche qu'on apprivoise l'espace. "De manière plus générale, un espace que vous appréhendez par la marche, vous ne le dominez pas simplement par le regard en sortant de la voiture (une prise de vue), car vous l'avez inscrit progressivement dans votre corps." Frédéric Gros, Le monde 2011 (crédit photo : Étienne-Jules Marey, Homme qui marche) "Le cinématographe est l'aboutissement poétique d'une recherche scientifique" Antoine de Baecque, Marcher France Culture

Voyager fait partie intégrante de moi au vu du fait que depuis que j'ai 5 ans je voyage avec mes parents dans différents pays seulement pas avec le but de visiter comme des "touristes" à proprement parler mais plutôt avec le but d'entrer en conversation directe avec les habitants des pays en allant dans les petits villages perdus entre les collines de Hongrie. C'est comme ça que j'ai appris à voyager et maintenant j'arrive pas à expliquer pourquoi le voyage m'est indispensable. Je pense que c'est un mélange entre la rencontre, la curiosité, le témoignage et le rêve (car la sémantique du rêve ça veut quasiment dire "le voyage"). J'aime beaucoup l'idée de partage dans le voyage. Un peu comme ce musée ambulant le MuMo (imaginé par Ingrid Brochard) qui voyage dans tous les pays pour partager ce qu'il a à l'intérieur du ventre. (crédit photo : dessin du MuMo par un enfant inconnu)

Donner est le début de l'échange, le premier pas vers l'autre, gratuitement (qui est lui même un dérivé du désintéressement, et plus loin dans la sémantique de la grâce, de la beauté https://fr.wiktionary.org/wiki/gratia#la ).

L'échange est pour moi fondamental, il permet la communication et le partage ; il permet de mieux connaître la personne qui est en face de nous dans un dialogue lequel mot se compose de dia- donc "trans" et de -logue qui signifie "étude". Ce qui nous amène à penser qu'il y a quelque chose à apprendre de l'autre dans un dialogue. Le projet SiTu a pour fil rouge l'échange avec le public, leur œuvre est participative et permet la rencontre de tous les horizons (c'est d'ailleurs le cas de le dire avec ce projet). (crédit photo : association œuvre participative)

L'accès à l'art contemporain est difficile. Le podcast Les Pieds sur terre le montre très bien dans son reportage "Drôle de visite au musée!" daté du 15 février 2017. Une classe de jeunes gens de cités vont dans un musée et se font recaler.  Du reste tout est pour une intellectualisation excessive de l'art, ce qui renforce le fossé entre les initiés et les "autres".

Ce qui m'intéresse actuellement serait d'améliorer l'image qu'ont les gens de l'art contemporain. En essayant d'aller parler d'échanger avec le public comme le font par exemple 6B (association originaire de Saint-Denis, un lieu de création et de diffusion ouvert au public). Ou encore Art Rue un collectif Tunisien qui impulse des expositions urbaines et accessibles à tous : par exemple ils investissent les panneaux publicitaires ou encore les abris-bus.

Il me semble que le développement d'internet permet de plus en plus un accès à la culture (sous-culture y compris) et dans l'optique de vouloir démocratiser l'art, la considération de cet outil me paraît très important. On voit d'ailleurs beaucoup se développer de bande-dessinée exclusivement pour le web (la plupart sont des turbomedias ce qui permet l'insertion de petites animations dans la BD) Comme cette bd participative intitulée Le secret des cailloux qui brillent. (crédit photo: Tarmasz, Le secret des cailloux qui brillent, chapitre1)

La musique est pour moi un moyen d'expression aussi important et graphique que le dessin ou la peinture. On peut raconter des histoires uniquement avec une partition. D'ailleurs la tradition orale passe notamment par la musique : L'Iliade et l'Odyssée qui étaient chantées avant d'être écrites. La musique est un réel langage, d'ailleurs Rousseau dans son Essai sur l'origine des langues disait "dire et chanter étaient autrefois la même chose".

Avoir toujours l'esprit tendu vers, être au aguets avec soin sur le monde qui nous entoure, c'est le premier pas vers l'instruction et la culture. C'est aussi le premier pas vers les autres. Dans Mes amis, Emmanuel Bove décrit un personnage aux aguets et toujours attentifs aux autres, il détonne dans un monde où personne ne semble faire attention à lui. "Il but penché en avant, comme on boit au comptoir. Cela me parut indélicat. Il aurait dû, je crois, ne pas remarquer que j'avais trop empli le verre, car si je l'avait fait, c'était parce que ses bonnes paroles m'avaient troublé. Quitte à se mouiller, il aurait dû boire comme chez lui."