Que ce soit en découpe papier, en photo ou en dessin, je travaille essentiellement sur des grands formats, le minimum étant le format A3. Pour les formes organiques que je crée, cela me permet de couvrir davantage d’espace, de pouvoir détailler encore plus et de jouer sur le contraste. J’aime ainsi couvrir la totalité du support, sans laisser de marges. Le grand format favorise également le côté immersif que je tente de prodiguer. J’utilise surtout cette méthode pour mon travail en découpe papier, d’avantage traduit en volume. J’aime que le spectateur soit obligé d’enjamber, de s’arrêter, de contourner mes éléments pour se déplacer. Je trouve au contraire que le petit format restreint, empêche l’immersion. L’avantage du grand format est qu’on peut à la fois l’observer dans son ensemble et à la fois s’en approcher pour en déceler toutes les subtilités. À titre d’exemple, mon plus grand rêve en tant qu’artistes serait d’avoir l’opportunité de couvrir, du plafond jusqu’au sol, tout une pièce avec des motifs organiques au brush pen et feutre fin, à l’instar d’Anton Vill par exemple ou de Dubuffet avec son œuvre Le jardin d’hiver reproduite par le centre ¨Pompidou de Paris dans une pièce de 80 m2. De plus, faire du grand format c’est occuper un lieu, le rendre vivant, le transformer pour un cours instant, on peut même grâce à cela, changer complètement la perception d’une pièce, donner une impression de grand espace, d’ouverture ou au contraire, d’une pièce minuscule. Le but du grand format est aussi la modification du rapport forme fond. En effet, pour un grand format de paysage par exemple, le but est que la forme, le plus souvent humaine, soit engloutit dans un fond où elle se perd et s’y confond. Le dessin sort ainsi complètement du cadre, il l’engloutit. Je n’hésite pas d’ailleurs pour renforcer cette idée, à faire dépasser mes formes de la feuille, à privilégier le bord perdu. Dubuffet, à nouveau, peint après la Deuxième Guerre mondiale des paysages sans issue pour le voyageur égaré dans une forêt de matière informe. Ces œuvres des séries Paysage du mental et Paysages grotesques de 1 m à 1M50 chacun, évoquent le désarroi de l’homme contemporain qui a connu les deux conflits les plus meurtriers de l’histoire. Dans ces paysages, où la ligne d’horizon placée très haut ne laisse plus d’espace au ciel, le regard du spectateur se trouve lui aussi englouti dans la matière. De même Giuseppe Penone, son œuvre Scrigno de 2007, composée de feuilles, de cuivre et d’or de 8 mètres de long permet la création d’un véritable parcours dans les lieux d’expositions, où la sensualité se mêle à la poésie. C’est grâce à ce parcours et ses suites de grands formats, que Penone parvient à renouer la relation qu’il existe entre l’homme et la nature.
Cependant, à la différence de Penne, il est vrai que je n’expérimente pas beaucoup les différents supports cependant, privilégiant le papier, résistant et facile à manipuler, aux autres, qui seraient plus expérimentaux comme le tissu, le carton etc.