Depuis la révolution industrielle et technologique et notamment depuis la naissance de l’ordinateur, on assiste à un changement du statut de l’artiste créateur puisque désormais il peut donner à faire son travail par des machines ou des institutions spécialisées. La technologie permet alors d’aider l’artiste à décupler ses capacités plastiques, de représenter de qui était jusqu’alors impossible si on se reposait sur la seule puissance de l’Homme. Revenons aux fractales par exemple. Cet art scientifique et mathématique est rarement représenté à la main, car trop fastidieux et surtout théoriquement faux (puisque sur une simple feuille, on ne peut créer un motif infini). L’ordinateur et notamment certains logiciels comme Blender ou Mandelbrot3D me permettent de représenter enfin des fractales infinies, puisque qu’elles demandent une grosse puissance de calcul. De plus, lors de mon stage en février dans une entreprise de découpe papier, j’ai pu découper des motifs plus complets, plus détaillés grâce à une machine de découpe laser.
Toute cette révolution mêlant technologie et art me passionnant, je me suis mise il y a de cela un an à la modélisation en trois dimensions en autodidacte. J’aime l’idée de pouvoir représenter le réel plus fidèlement qu’en dessin, de recréer les motifs organiques que je réalise sur papier et surtout de pouvoir les animer. La 3D sur logiciel apporte du volume à mon travail, qui jusqu’alors en manquait. La capacité que nous avons désormais de pouvoir modéliser, a permis d’ailleurs une meilleure représentation du réel et ainsi l’évolution du jeu vidéo. Désormais, nous pouvons dépeindre l’impossible tout en faisant en sorte que cela soit de plus en plus crédible graphiquement. D’ailleurs depuis l’arrivée de cette technologie, il existe de plus en plus de films en images de synthèses. Mais pour en revenir aux jeux vidéo, prenons par exemple le jeu Death Stranding du studio Kojima Productions qui sortira courant 2019. Ce dernier est considéré, bien avant sa sortie, comme l’un des jeux avec les graphismes les plus réalistes depuis l’histoire des jeux vidéo. Dans Death Stranding, on retrouve comme acteur Léa Cédoux et Norman Reedus, tous deux modéliser en 3D à l’aide de capteurs qui ont été collés sur leurs corps pendant le tournage des scènes. Le jeu possédera, selon ses développeurs, une grande portée psychologique et une narration profonde. Ainsi, il est désormais possible d’immerger complètement le joueur, surtout avec l’arrivée de la réalité augmentée, le joueur faisant partie intégrante du jeu.
Ainsi, la technologie, liée bien sûr aux mathématiques et à la science, est une discipline qui comme je l’ai déjà affirmé m’a toujours attirée. J’aime découvrir les innovations, rendues possibles notamment grâce à l’imprimante 3D. Par exemple, depuis 2017, les architectes de Foster et Partners ont prévu, d’ici 2030, de construire une base lunaire pour les astronautes imprimée uniquement en 3D. Ou encore, Space X, en concurrence avec la NASA et développé par l’entrepreneur Elon Musk, se dit capable d’envoyer des touristes dans l’espace d’ici 2024, grâce à des fusées modélisées et imprimées en 3D également. Enfin, Iris van Harpen, créatrice de mode s’inspire des éléments naturels et des formes de l’eau notamment pour créer des vêtements modernes et design, qu’elle imprime avec des matériaux nouveaux et des matières siliconées et déformables sous une très haute température. Tout comme cette créatrice, nous pouvons désormais davantage mêler l’art et environnement, notamment avec la biotechnologie. Partout, on assiste à la création de robes faites à partir de bactérie. Je trouve que grâce aux évolutions technologiques, bien que cela paraisse paradoxal, l’Homme peut alors renouer avec la nature qui l’entoure. La technologie et surtout la 3D, permettent de nous faire découvrir des éléments naturels cachés. Ainsi, il est désormais possible de modéliser des cellules ou des bactéries, et de proposer des œuvres immersives en grand format. L’artiste chinoise Xin Liu, diplômée d’ingénierie, s’intéresse au lien qu’il peut y avoir entre la nature et la technologie. En 2013, elle crée Treesens une installation en réalité augmentée qui permet de se mettre dans la peau d’un arbre. Les spectateurs, munis de casques VR peuvent bouger leurs bras et ces mouvements, grâce à des impulsions électriques, font se mouvoir les branches de l’arbre. Pour elle, cela permet à l’Homme de se mettre à la place d’autres organismes vivants.
Tout ceci renforce mon idée que la technologie peut s’immiscer davantage dans la vie d’un artiste, et surtout dans mes productions. Cette technologie peut permettre de créer le monde de demain et de rapprocher davantage l’Homme des autres espèces qui peuplent la planète. L’exposition « Fabrique du vivant » qui a eu lieu ce mois-ci au centre Pompidou de Paris, m’a de plus en plus donné envie de créer des œuvres à partir d’organismes vivants, et ainsi de mêler art et science.
Cependant, il est bon de nuancer en rappelant que bien que les nouvelles technologies offrent aux artistes de nouveaux horizons créatifs, elles apportent également leur lot de difficultés, à savoir comment suivre le rythme des grands changements sociétaux provoqués par ces bouleversements numériques et technologiques ? De plus elle pose de plus en plus la question d’espaces d’expositions. Doit-on toujours exposer dans une galerie si une virtualisation est possible depuis son canapé ? Enfin, la nouvelle technologie faisant partie de notre quotidien, l’œuvre de l’artiste peut très vite être noyée parmi des milliers d’autres et donc passée inaperçue (pour reprendre l’exemple d’Instagram)