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 Le gros pied, c’est Crumb. Le gros pied, c’est Uderzo, Zep, Edika ou Franquin. Le gros pied, c’est la bande dessinée Franco-Belge à l’ancienne, l’univers cartoonesque ou la signature du dessin animé main-stream. Le gros pied est révélateur d’une façon de faire l’image et de dire les choses. On est dans la caricature. Si le pied est exagéré, alors tout peut l’être. Peut-être pour contrebalancer le gros pied, le nez est bien souvent protubérant. Les bulles ne peuvent parfois plus contenir des typographies obèses, expressives. Elles emmènent à l’aide d’un mariage subtil avec le dessin un message diffuser en lame de fond. On est bien souvent là pour rire, mais pas que. La trame de base est simple, criarde et permet au fond de l’œuvre d’évoluer sans trop de pollution narrative. Avec des grands pieds, on encourage nos personnages à vivre à une vitesse folle. Dans tout ces genres cités plus haut, le mouvement est vif, souvent poussé jusqu’au chaos. Tout est mouvement dans le dessin. Comme le disait Mandryka, lorsque l’on dessine quelque chose, tout doit aller dans l’idée que l’on veut transmettre. Dans le cartoon, si on dessine une voiture en mouvement, on a le devoir de la maltraiter pour suggérer la vitesse. Elle ne touche pas le sol, ses roues peuvent se désosser, et son toit s’aplatir sous la force du vent. Les épis de Gaston ou la mèche de Titeuf, c’est exactement la même chose. Au service de cette vitesse, on abandonne bien souvent la rigueur académique dans le geste, figée de convention. Un bras se passe bien d’un coude lorsqu’il est brandi en l’air, ce serait un angle de trop qui risquerait de casser une courbe suggestive de précipitation. Si cela marche avec l’idée de vitesse, ça peut marcher avec n’importe quoi d’autre. C’est de cette énergie et de cette servilité du trait au service du message dont je m’inspire aujourd’hui pour réaliser du dessin de presse. Comme dans le cartoon, la BD franco-belge ou le dessin animée, l’idée doit passer immédiatement entre la feuille et le cerveau du lecteur. Formellement, j’ai énormément à apprendre des codes de ces différents genres. Le travail de Tignous, Charb ou Cabu transpire de ces influences. J’ai eu la chance de discuter avec l’artiste Lefred-Thouron qui m’a confié qu’un bon dessin de presse pouvait marcher quasiment sans texte, en tout cas sans en-tête. Le plus important, c’est donc de trouver une harmonie entre le signifiant et le signifié. Un dessin expressif au service d’un message à la fois subtil et simple. Le gros pied